La campagne 2010 de pêches électriques*
En collaboration avec le Département d’étude du milieu naturel et agricole (DEMNA-SPW) et sous l’égide de l’Unité de Biologie du Comportement de la Faculté des Sciences de l'ULg (Gilles Rimbaud), 6 nouvelles pêches électriques** ont eu lieu cet automne sur le bassin Dyle-Gette. Parmi celles-ci, 3 sites ont été sélectionnés par la Région wallonne dans le cadre du suivi de son réseau de mesures (Dyle et Orne à Court-Saint-Etienne et Lasne à Rosières), tandis que 3 autres ont été retenus à la demande du Contrat de rivière pour compléter la carte de répartition piscicole du bassin (Smohain à Ohain, Lasne à Genval et Dyle à Bierges).
- Tableau 1 : résultat des pêches électriques effectuées dans le bassin Dyle-Gette en 2010
Cours d’eau |
Village |
Anguille |
Barbeau |
Brème |
Brochet |
Carassin |
Carpe |
Chabot |
Chevesne |
Epinoche |
Epino- |
Gardon |
Smohain |
Ohain |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
221 |
0 |
0 |
Lasne |
Genval |
34 |
0 |
3 |
0 |
0 |
0 |
0 |
11 |
43 |
1 |
390 |
Lasne |
Rosières |
6 |
1 |
4 |
2 |
4 |
4 |
0 |
0 |
126 |
26 |
0 |
Dyle |
Court-Saint-Etienne |
2 |
0 |
4 |
0 |
0 |
1 |
11 |
0 |
102 |
0 |
64 |
Dyle |
Bierges |
0 |
0 |
0 |
0 |
1 |
1 |
6 |
0 |
111 |
0 |
0 |
Orne |
Court-Saint-Etienne |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
1762 |
0 |
4 |
0 |
5 |
Cours d’eau |
Village |
Gibèle |
Goujon |
Loche franche |
Ide mélanote |
Perche |
Pseudora- |
Rotengle |
Tanche |
Truite arc-en-ciel |
Truite fario |
Vandoise |
Smohain |
Ohain |
0 |
0 |
49 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
9 |
0 |
Lasne |
Genval |
7 |
462 |
174 |
0 |
9 |
37 |
32 |
2 |
4 |
0 |
2 |
Lasne |
Rosières |
0 |
118 |
43 |
0 |
0 |
389 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
Dyle |
Court-Saint-Etienne |
1 |
44 |
114 |
34 |
13 |
3 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
Dyle |
Bierges |
0 |
72 |
134 |
0 |
1 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
Orne |
Court-Saint-Etienne |
0 |
4 |
125 |
2 |
0 |
0 |
0 |
0 |
1 |
0 |
0 |
Pêche électrique sur la Dyle à Bierges | Pêche électrique sur la Lasne à Genval |
Cours d’eau |
Village |
Nombre total |
Nombre d’espèce |
Smohain (12/07/10) |
Ohain |
279 |
3 |
Lasne (14/09/10) |
Genval |
1211 |
15 |
Lasne (30/09/10) |
Rosières |
723 |
11 |
Dyle (28/09/10) |
Court-Saint-Etienne |
393 |
12 |
Dyle (05/10/10) |
Bierges |
326 |
7 |
Orne (23/09/10) |
Court-Saint-Etienne |
1903 |
7 |
Au total en 2010 |
4835 |
22 |
Pêche électrique sur l'Orne à Court-St-Etienne | Pêche électrique sur la Lasne à Rosières |
Les résultats de ces différentes pêches (voir tableau 1), bien qu’assez contrastés en termes de biomasse totale et de nombre d’espèces, ont réservé de belles surprises. De manière générale, ces bons résultats sont à mettre en relation avec une amélioration de la qualité des eaux, au moins ponctuellement.
Dans la Lasne également cette amélioration est notable : alors qu’entre 2000 et 2004, un maximum de 18 espèces avait été recensé sur tout le bassin de la Dyle, les deux recensements effectués cette année sur la Lasne ont révélé respectivement 15 et 11 espèces !! Parmi celles-ci, 7 n’avaient alors pas encore été prélevées en cours d’eau dans le bassin de la Dyle : anguille, brochet, chevesne, épinochette, vandoise, barbeau et gibèle. Les effectifs se sont bien accrus pour 3 autres espèces : brème, rotengle et goujon asiatique.
L’apparition de ces « nouvelles » espèces pourraient être le reflet d’une amélioration certes de la qualité de l’eau mais également des potentialités d’accueil exhibées par ce cours d’eau. Cette hypothèse reste bien sûr à confirmer avec de nouvelles pêches électriques à réaliser dans les années à venir afin de voir si cette tendance se maintient ou pas.
Concernant l’Orne et la Dyle, des constats similaires peuvent être faits, à savoir une augmentation globale de la diversité piscicole à chacun de ces points par rapport aux années précédentes.
D’un point de vue pratique, pour expliquer ces améliorations, c’est tout un ensemble de facteurs qui sont à souligner : poursuite de l’assainissement des eaux, meilleure prise en compte du rôle écologique des cours d’eau dans leurs aménagements et les travaux de construction à proximité, responsabilisation croissante des riverains, améliorations du biotope (?), … etc.
Il est toutefois important de tempérer ces observations. Si une amélioration notable de la qualité des cours d’eau est effectivement constatée, celle-ci ne se traduit qu’à travers la survie d’espèces exigeantes. Il faut bien garder à l’esprit que l’importante biomasse échantillonnée et la plupart des nouvelles espèces recensées ont très probablement une origine anthropique. Les anguilles proviennent de rempoissonnements effectués côté flamand (G. Rimbaud, com. pers.). Qu’en est-il des rotengles, brèmes ou chevesnes ? Les sociétés de pêche contactées indiquent qu’aucun rempoissonnement au blanc n’a eu lieu récemment. Les ides mélanotes, comme les gibèles ou les goujons asiatiques, sont très probablement régulièrement utilisés lors de pêches au vif, et de là des échappées peuvent très facilement avoir lieu (JC Philippart 2005). La présence sporadique de carnassiers (brochets, perches) s’expliquent par les nombreux étangs en lien avec le réseau hydrographique. A contrario, leur absence de manière régulière dans les cours d’eau traduit plutôt un déséquilibre au niveau des populations piscicoles locales. En effet, si la cohorte d’espèces-proies locales (macro-invertébrés, crustacés, goujons, gardons, brèmes, ablettes, …) n’est pas suffisamment bien structurée, ces carnassiers ne pourront survivre (JC Philippart, com. pers.).
Le Contrat de rivière se démène à différents niveaux pour tenter d’améliorer la situation des cours d’eau dans un contexte très agricole et urbain. Les choses évoluent lentement, mais dans le bon sens … Bien sûr il reste encore beaucoup à faire, de nouvelles pistes à envisager. Trop d’obstacles au déplacement des poissons, par exemple, sont encore présents dans nos rivières, parfois sans aucune utilité ! Ces obstacles freinent, voire empêchent la bonne dispersion des espèces et la colonisation de nouveaux milieux. La résolution de l’ensemble de ces problèmes n’est bien évidemment pas simple, il faut de la patience et de la concertation entre les différents acteurs impliqués.
Mais c’est sur la bonne voie …
* Considérée comme la seule méthode fiable, la technique de la pêche électrique permet de faire un diagnostic complet de la faune piscicole d’un cours d’eau. On plonge tout simplement deux électrodes de charges opposées dans le tronçon à prospecter. Les poissons se trouvant dans le champ électrique, environ 1m autour de l’anode, nagent alors « automatiquement » vers cette dernière. Là, ils peuvent être attrapés à l’aide d’une épuisette. Après examen attentif des prises, les individus sont remis à l’eau. Le protocole complet implique d’effectuer 2 passages sur une longueur comprise entre 160 et 200 mètres.
Mis à jour (Lundi, 20 Juin 2011 13:00)